Ce sont des témoignages
accablants, comme resurgis d'un autre temps, collectés patiemment
par des femmes médecins pendant plusieurs années, dans des
entreprises privées et publiques, petites et moyennes, plus rarement
grandes (dans ce cas, les relais syndiqués existent encore), tous
secteurs confondus. Le silence que les femmes s'imposent dans l'entreprise
est une stratégie de survie. Dans le huis clos de la consultation,
elles se livrent et sont toutes d'accord pour que ça s'écrive,
pour que ça se sache au dehors : c'est leur résistance à
elles.
De ce recueil émerge une évidence : la violence et la précarisation concernent d'abord les femmes. Que l'on parle de personnel jeune ou âgé, et voici que ce sont des femmes. Que les récits concernent des handicapés, et ce sont essentiellement des handicapées. Des immigrés ? Des immigrées ! Les contrats à temps partiel (imposé et non "choisi", avec des horaires fluctuants) sont réservés aux femmes dans 85 % des cas ! "Des témoignages alarmants
Au de-là de
sa valeur documentaire exceptionnelle, ce livre invite les médecins
du travail, confrontés à des situations semblables, à
une réflexion éthique sur la clinique de la santé
au travail. Peut-on aujourd'hui s'en tenir à vérifier l'aptitude
des salarié(e)s et faire comme si les souffrances psychologiques
relevaient de la sphère privée et avaient d'autres lieux
pour s'exprimer ? Evidemment non. Se former à une écoute
compréhensive, et oeuvrer collectivement pour que ces paroles soient
entendues comme le signe évident d'une dérive inquiétante
dans le monde de l'entreprise est une urgence !
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